Dans son Avant-propos du B.S.E.O. n° 309 Avril 2007 célébrant le 90ème anniversaire de la Société des Études Océaniennes, la présidente de la S.E.O. d’alors, Mme Simone Grand, n’a pas manqué de rappeler la présence et le travail appréciés d’Hilda mise à disposition de la SEO par l’État, en tant qu’un de ses agents CEAPF, dans un local que le Pays a gracieusement alloué à la S.E.O. Ces lignes qu’elle lui a consacrées, au moment de son départ de la S.E.O. pour une retraite bien méritée, témoignent du vide qu’elle laisse derrière elle :

« Depuis 27 ans, Hilda gère nos bulletins d’hier et d’aujourd’hui ainsi que notre bibliothèque pour les chercheurs de tous ordres : universitaires, journalistes, écrivains, descendants d’indigènes et de colons en quête de précisions sur leurs origines, simples curieux… Elle a terminé ce travail au service de notre patrimoine le 30 mars de cette année 2007.

Sa compétence aimable et enjouée nous manquera. Et comme nous n’avons pu « scanner » ce que contient sa précieuse mémoire sur les péripéties de la vie de notre Société, nous nous sentons quelque peu abandonnés et appauvris. Elle m’a confié souhaiter revenir de temps à autre travailler avec nous, comme ça, pour le plaisir ».

Quatorze ans plus tard, en de tristes circonstances, la S.E.O. ne peut ne pas exprimer toute sa reconnaissance, non seulement pour la place qu’a su prendre Hilda au sein de la Société, mais aussi toute cette disponibilité d’esprit et ce sens de l’accueil qu’elle dégageait de manière mesurée mais toujours bienveillante.

Hilda, un savoir-être de la S.E.O…

Hilda, c’était la Société des études océaniennes, la S.E.O. de la rue Lagarde, un petit bureau installé à l’arrière de l’immeuble Bailly, à l’entrée d’un capharnaüm de grandes vitrines noires et vides – les objets avaient déjà été transférés à Puna’auia au Musée de Tahiti et des îles-. Un accueil simple, une bonne humeur compétente et, bientôt avec la confiance du regretté Dr Moortgat, une disponibilité immédiate pour toutes sortes de curiosité et les clés pour accéder au premier étage aux armoires de fer la bibliothèque de la grande salle… et la lecture libre sur la grande table rendue attentive par la dureté des chaises en bois de von Luckner ! Cela aurait pu, aurait dû durer des siècles !

Hilda, ça a été aussi la catastrophe de 1986, le déménagement, le jeté-au-dehors de l’immeuble Bailly et la dispersion des stocks de la S.E.O. aux quatre coins de Tahiti, au musée Gauguin, dans les hangars de Cowan à Fare ‘Ute ou du CEA à Mahina — et de la bibliothèque à l’O.R.S.TO.M. Mais comment glisser une bibliothèque ‘littéraire’ dans une bibliothèque ‘scientifique’ ? Et comment la gérer ? Un cauchemar pour Hilda, qui ne supportait pas la fumée des cigarettes… Il lui a fallu tenir bon et avoir beaucoup de courage, là-bas à ‘Arue.

Enfin en 1990, un havre de paix et l’installation de la S.E.O. dans le tout nouveau bâtiment des Archives à Tipaeru’i, sous la houlette de Pierre Morillon et d’Eric Lequerré.

Hilda, c’était alors une nouvelle S.E.O., faite de mémoire, de rencontres, d’accueil de tant de chercheurs et d’étudiants dans son nouveau bureau aéré et clair — avec un grand carton où étaient classés chronologiquement tous les anciens B.S.E.O. que Hilda pouvait photocopier, et ce vieux tiroir étroit et en bois où étaient rangées les cartes des membres de la S.E.O. — tout ce travail administratif d’une association était encore fait à la main… Et Hilda s’est mise à l’informatique et a su passer des archives-papier à celles des numériques qui se sont succédées.

Ce qui était sacré, et pour tous, c’était l’heure de déjeuner avec le personnel des Archives, bonne ambiance garantie !

La chance inouïe de la S.E.O., si je puis m’exprimer ainsi, c’est que Hilda avait été ‘prêtée’ par l’État, une mise à disposition qui n’obérait en rien les finances de la Société, d’où une présence régulière, journalière et constante, un savoir associé au savoir de l’emplacement même du savoir, un savoir jovial et sympathique. Hilda a su ainsi accueillir et encourager et faciliter le travail de Gilles Cordonnier pour la réalisation du Catalogue des titres parus dans les Bulletins de la Société des études océaniennes 1917-1977 (paru en 1998) puis aider et guider Tetuanui Raufauore dans celle de l’Inventaire de la Bibliothèque de la SEO regroupant 3116 ouvrages ou documents identifiés par son/leur(s) auteur(s), 53 pages classées selon les normes officielles dans les catacombes du bâtiment réservées à la Société.

Ce catalogue et cet inventaire sont devenus eux-mêmes des monuments… anciens, comme tous les monuments (du latin ‘ce qui reste’), mais des legs pour un avenir à écrire dorénavant dans des perspectives à définir encore.

Mais tout cela et jusqu’à son départ à la retraite en 2007, tout cela a été possible grâce à Hilda, à son savoir-être, à son savoir-être là…

Merci Hilda pour ta présence heureuse et efficace pendant tant d’années !

Robert Koenig

président de la S.E.O.,

1994-2004

Hilda, une voix, une présence

Hilda, c’est ainsi qu’elle se faisait appeler par celles et ceux qui fréquentaient le bureau de la S.E.O. placé au 5ème étage du bâtiment du Service des Archives – qui allait devenir en 2012 le Service du patrimoine archivistique et audiovisuel de la Polynésie française, le S.P.A.A., Te Piha faufa’a tupuna. Souvent affairée à son bureau, avec des piles de dossiers dactylographiés ou imprimés bien rangés, des livres de toute taille, de tout format, posés devant elle et sur des tables et étagères installées dans la pièce, elle se montrait disponible, accueillante, prête à répondre aux demandes et sollicitations du visiteur qui franchissait la porte d’entrée toujours ouverte. 

Hilda est une voix, une présence. Attentive, dynamique, Hilda s’occupait des affaires courantes de la Société, mais aussi de la Bibliothèque de la S.E.O. qu’elle connaissait bien. On la sentait à l’aise et à sa place dans cet univers de livres historiques, littéraires, anciens et modernes, et de publications scientifiques, favorable aux échanges d’idées, d’informations, de données sur des ouvrages dont les noms d’auteurs et les titres lui étaient connus, de mémoire souvent, sans parler de ses suggestions de pistes de recherche de sources à trouver ou à consolider. 

Hilda, d’une gentillesse et d’une humeur toujours égales, prenait plaisir à aider et à partager en toute discrétion ce qu’elle savait quand cela était justifié, en français comme en reo tahiti qu’elle maîtrisait bien. Compétente et d’une grande efficacité dans son travail, de la chaleur dans les contacts humains qu’elle entretenait mais aussi du respect des personnes qu’elle côtoyait, Hilda fait partie de ceux et de celles dont on peut dire qu’elle a été une bonne et une belle personne que l’on a eu de la chance de connaître et d’avoir fait un bout de chemin avec elle. 

Māuruuru ia ‘oe e a fa’aitoito i tō ‘oe tere, e Hilda  !

Vāhi Sylvia Tuheiava-Richaud

Actuelle présidente de la SEO, depuis 2019