Approbation du règlement intérieur.

La réunion inaugurale de la Société d’Etudes Océaniennes a eu lieu, le 23 mars, dans la salle du Palais-Théâtre, à 15 heures 1/2. Une quarantaine de personnes étaient présentes.

En ouvrant la séance, le Gouverneur, entouré de son Conseil d’Administration, rappelle le programme tracé à la nouvelle institution et se félicite du nombre considérable des membres qui se sont déjà fait inscrire : soixante deux en tout (1) dont trois dames.

C’est, dit-il, la meilleure preuve que l’organisation à Papeete d’un centre d’études répond à un besoin réel et que la population de nos iles n’est pas aussi indifférente que l’ont prétendu des observateurs superficiels, aux spéculations des sciences et de l’histoire locales. Conformément aux termes de l’article 6 de l’arrêté portant création de la Société d’Etudes, il est aussitôt donné lecture d’un projet de règlement intérieur, lequel est, après quelques explications et mises au point, voté à mains levées (Voir texte du règlement intérieur page 14).

Afin d’assurer la prospérité de l’œuvre, de lui ménager des relations puissantes et une aide morale sans lesquelles nulle entreprise n’est viable, le Gouverneur propose de placer la Société sous le haut patronnage du Président de la République ainsi que du Ministre des Colonies, et de nommer Membres d’Honneur des personnalités éminentes du monde savant, de la diplomatie ou de l’armée, qu’il sait susceptibles de s’intéresser aux efforts de la Société d’Etudes, de les aider et de les encourager. De ce nombre sont :

  • M. Paul DESCHANEL, Membre de l’Académie Française, Prési¬ dent de la Chambre des Députés.
  • M. ROUME, Gouverneur Général honoraire des colonies, Avenue Montaigne, Paris.
  • Le Général LYAUTEY, ancien Ministre de la Guerre, Membre de l’Académie Française.
  • The Right Hon. The Earl of Liverpool, Governor of New Zealand.
  • M. LE MYRE DE VILERS, ancien Ambassadeur, 49, Avenue Victor Hugo, Paris.
  • M. E. SÉNART, membre de l’Institut, Président de la Société Asiatique, Avenue François 1er, 18, Paris.
  • M. Paul DISLÈRE, Président de section au Conseil d’Etat, 10, Avenue de l’Opéra, Paris.
  • M. PAVIE, Ministre plénipotentiaire, 19, Avenue Kléber, Paris.

À cette liste illustre, susceptible d’être augmentée, doit s’ajouter celle des Membres correspondants comprenant des noms réputés dans les lettres comme dans les sciences.

Membres correspondants.

  • M. Georges GOUZY, Délégué de Tahiti au Conseil Supérieur des Colonies, Paris.
  • M. A. CABATON, Professeur à l’Ecole des Langues Orientales, 21, rue François Bouvin, Paris.
  • M. Paul BOYER, Administrateur de l’Ecole Spéciale des Langues Orientales, 2, rue de Lille, Paris.
  • M. Dr E. P. MEINECKE, Directeur du Laboratoire de Phytopathologie Forestière, San Francisco, Cal., U. S. A.
  • M. Carlos Everett CONANT, Professor in the University of Chattanooga, Tennessee, U. S. A.
  • M. FROMENT-GUIEYSSE, Directeur général de l’Océanie française, 20, rue de Mogador, Paris.
  • M. DELAFOSSE, Administrateur en Chef des colonies au Gouvernement Général de l’Afrique Occidentale française, Dakar, Sénégal.
  • M. HUBERT. Docteur ès-sciences, Administrateur des colonies à Dakar, Sénégal.
  • M. le Bibliothécaire de la MITCHELL LIBRARY (c/o Public Library) Sydney.
  • M. A. F. SAUNDERS, « Sunday Times », Western Australia, Perth.
  • M. J. RIGOREAU, Consul de France, chez M. Fleury-Hérard, 372, Faubourg St-Honoré, Paris.
  • Frère Allain GUITTON, 2, rue de Verdun, Boulogne-sur-Seine.
  • M. Justice CHAPMAN, Judge at the Supreme Court, 98, The Terrace, Wellington, New-Zeeland.
  • M. BERTHIER, Administrateur en Chef des colonies, à Tananarive, Madagascar.
  • M. André YOU, Conseiller d’Etat, Directeur au Ministère des Colonies, 15, rue Valentin Haûy, Paris.
  • M. TESSERON, Directeur au Ministère des Colonies, 21, rue Oudinot, Paris.
  • M. DUCHÊNE, Directeur au Ministère des Colonies, 21, rueOudinot, Paris.
  • M. M. DOUBRÈRE, Directeur de l’Ecole Coloniale, 2, Avenue de l’Observatoire, Paris.
  • M. GRUVEL, Professeur au Museum, 57, rue Cuvier, Paris.
  • M. L. GÉRAUD, Gouverneur honoraire des colonies, 57, Boulevard Beauséjour, Paris.
  • M. le Docteur FONTOYNONT, Président de l’Académie Malgache, à Tananarive, Madagascar.
  • M. L. MOUNEYRES, Inspecteur Général des Travaux publics de l’Afrique Orientale française, à Dakar, Sénégal.
  • M. W. FAWTIER, Gouverneur des Colonies, St-Claude, Guadeloupe.

Parmi les sociétés et institutions avec lesquelles il semble nécessaire de mettre notre compagnie en rapports, le Chef de la Colonie cite particulièrement celles énumérées ci-après, qui, toutes, ont une réputation établie et sont susceptibles, par les envois qu’elles accepteront vraisemblablement de faire en échange du service de notre Bulletin, d’aider puissamment à la constitution d’un premier fonds de bibliothèque grâce auquel seront facilitées les recherches et la poursuite des études comparées.

Ces sociétés correspondantes sont les suivantes:

  • Carnegie Institution of Washington.
  • Auckland Institute and Museum, N. Z.
  • The Polynesian Society, New Plymouth, N. Z.
  • Philosophical Society of N. Z.
  • Société Royale des Arts et des Sciences, Port Louis (Ile Maurice).
  • Ecole Française d’Extrême-Orient
  • Bibliothèque de l’Ecole Nationale des Langues Orientales, 2 rue de Lille, Paris.
  • Société Asiatique de France, Palais de l’Institut, 1, rue de Seine, Paris.
  • Société de Linguistique de Paris, Librairie ancienne, Ed. Champion Editeur, 5, quai Malaquais.
  •  » Normal School  » de Manille.
  • Académie des Arts et des Sciences de Batavia, Indes Néerlandaises.
  • Académie Malgache, à Tananarive Madagascar.
  • Société de l’Histoire des Colonies françaises.
  • Comité de l’Océanie française, 20, rue Mogador.
  • Calcutta Historical Society, St-John’s House, Concil House Street, Calcutta.
  • American Geographical Society of New York, Broadway, 156 th Street, New York.
  • Journal of the American Oriental Society, 245, Bishop Street, Newhaven, Conn, U. S. A.
  • The Sundy Times, Perth, Western Australia.
  • Comité d’Etudes Historiques et Scientifiques de l’Afrique Occidentale Française, Dakar.
  • Institut Ethnographique international de Paris et Revue d’Ethnographie et de Sociologie, E. Leroux Editeur, 28, rue Bonaparte, Paris.
  • Australasian Association for Advancement of Science, 5, Elizabeth Street, Sydney.
  • Asiatic Society of Bengal, 1, Park Street, Calcutta.
  • Bernice Pauahi Bishop Museum, Honolulu, Hawai Islands.
  • Canadian Institute, Ottawa, Canada.
  • Ethnological Survey, Manila, Philippines Islands.
  • Société de Géographie de Paris, Boulevard St-Germain, 184, Paris.
  • Historical Society, Honolulu, Hawaiian Islands.
  • The New Zealand Institute, Wellington, N. Z.
  • Na Mata Editor, Suva, Fiji.
  • National Museum Library, Washington, U. S. A.
  • Peabody, Museum of Archœology and Ethnology, Harvard University, Cambridge, U. S. A.
  • Queensland Museum, Brisbane, Queensland.
  • Royal Geographical Society, Kensington Gore, London, S. W.
  • Royal Geographical Society of Australasia, C/O G. Collingridge, Waronga, N. S. W.
  • Royal Geographical Society of Australasia, 70, Queen Street, Melbourne.
  • Royal Geographical Society of Australasia, Adelaide.
  • Royal Society, Burlington House, London.
  • Royal Society of New South Wales, 5, Elizabeth Street, Sydney.
  • Royal Colonial Institute, Northumberland Avenue, London.
  • The Royal Anthropological Institute of Great Britain, 50, Great Russell Street, London, W. C.
  • Société Neufchâteloise de Géographie, à Neufchâtel, Suisse.
  • University of California, Library Exchange Département, Berkley, California.
  • Smithsonian Institute, Washington.
  • Bataviaasch Genootschap, Batavia, Java.
  • Koninklijk Institut, 14, Van Galenstratt, La Haye, Hollande.
  • Museo Nazionale di Anthropologia, Via Gino Capponi, Florence, Italie.
  • Union Coloniale française, 17, rue d’Anjou, Paris.
  • Recueil Général de Jurisprudence, de Doctrine et de Législation Coloniales et Maritimes, 33, Chaussée d’Antin, Paris.

La question est ensuite posée de la périodicité du Bulletin. L’engagement paraissant hasardeux à certains membres de le faire paraître trimestriellement, sur la suggestion de M. le Docteur Gautier, Directeur du Service de Santé, il est décidé que le Bulletin sera d’abord semestriel, quitte à devenir trimestriel dès que les collaborations escomptées se seront manifestées. Il est entendu que le premier numéro dont un schéma est mis sous les yeux de l’assemblée contiendra :

  • L’arrêté portant création de la Société d’Etudes Océaniennes.
  • Le règlement intérieur,
  • L’arrété désignant les Membres du premier Bureau,
  • La liste des Membres honoraires et correspondants ainsi que celle des Sociétés, Académies, Ecoles, Bibliothèques avec lesquelles la Société d’Etudes nouera immédiatement des relations.
  • Une correspondance échangée avec le Consul de France à Auckland, à l’occasion de l’appui promis par l’Honorable Lord Liverpool, Gouverneur de la Nouvelle-Zélande et Patron de la « Polynesian Society », qui a été la première à saluer la naissance de la Société d’Etudes Océaniennes et lui fait, depuis plusieurs mois, le service de son intéressant journal.
  • Une correspondance officielle relative à la conservation des monuments mégalithiques de l’île Raivavae.
  • Une contribution à l’Etude des Colonies polynésiennes des Nouvelles-Hébrides, des Iles Banks, Torrès, Santa Cruz, Loyalty et de la Nouvelle-Calédonie, par M, A. Leverd.
  • Une monographie curieuse de M. l’Abbé Em. Rougier, sur l’Ile Christmas.
  • Enfin la « Légende des pierres marchantes (Ofai tere) d’Opunohu », d’après le récit d’un ancien du pays, par Mme Tetua a Tefaafana, et quelques autres documents d’importance moindre.

Ce programme étant approuvé, le Chef de la Colonie fait part à la Société du don gracieux que lui a fait le frère Allain Guitton d’un livre d’exercices français et tahitiens qui, sans prétentions scientifiques, paraît néanmoins conçu sous une forme séduisante pour les débutants. Ce manuscrit, dont il a été fait hommage au Gouverneur, sera déposé au Secrétariat et soumis ultérieurement à l’examen d’une commission qui décidera de l’opportunité de son
impression aux frais de la Société d’Etudes.

Afin d’éviter la disparition des quelques souvenirs précieux de l’histoire ou de l’archéologie océaniennes qu’on a chance de trouver encore dans la Colonie, le Gouverneur fait part de son intention d’en interdire purement et simplement l’exportation sans autorisation spéciale; on conservera, de la sorte, sur place, bien des souvenirs précieux qu’un mercantilisme imprévoyant risquerait de faire disparaître à jamais.

Il semble que dans cet ordre d’idées la Société d’Etudes suscitera bien des générosités en inscrivant sur des tables spéciales les noms de ses principaux bienfaiteurs et donateurs. Quand, plus tard, un immeuble lui sera affecté, ses galeries, vitrines, collections, etc. pourront également être désignées par les noms de ses plus généreux donateurs, ainsi que la coutume en est établie pour rendre un hommage permanent aux amis désintéressés des études et des arts locaux.

II ne convient pas, à l’origine d’une œuvre, de supputer trop grandement son avenir, à moins que les projets qu’on fait pour elle n’aient comme base des réalités tangibles, ce qui n’est pas le cas de la Société d’Etudes. Mais il est possible, en solidarisant certains intérêts et en constituant en faisceaux les bonnes volontés qui sont à notre disposition, sinon de supprimer les aléas tout au moins d’augmenter sérieusement les chances de succès.

Or il nous manque un immeuble que réclament depuis longtemps pour leurs réunions et la conservation de leurs archives la Chambre de Commerce et la Chambre d’Agriculture. Pourquoi en aménageant un local pour l’usage de ces Compagnies ne l’adapterait-on pas aux besoins nouveaux de la Société d’Etudes, de ses collections, bibliothèques, etc?.. On devrait même, en un tel immeuble, faire une place pour une exposition permanente des produits locaux, réclame utilitaire constamment tenue à jour et où, après avoir admiré les choses du passé dans le musée voisin, les voyageurs d’affaires trouveraient à bonne source les renseignements propres à développer nos relations avec l’extérieur. Il suffit d’entrevoir cette extension comme une possibilité d’avenir, l’essentiel étant, pour l’heure, d’assurer la vitalité de l’œuvre par le groupement, aussi serré que possible, des bonnes volontés désireuses de voir l’Océanie française sortir de la léthargie à laquelle elle a dû se résignerjusqu’ici par la force même des choses. Aujourd’hui puisque la Télégraphie sans fil a mis Papeete à vingt-quatre heures de Paris et que le trafic du Canal de Panama est devenu la réalité de l’heure, ceux qui ont une part, petite ou grande, dans les destinées de cette belle Colonie se devaient de faire un effort pour la tirer de l’oubli dont elle a souffert jusqu’ici. Ils le devaient d’autant mieux que douze cents des enfants de nos îles font vaillamment, sur les divers fronts de guerre, leur devoir de Français et que la liste de ceux tombés pour la mère Patrie s’allonge chaque jour, rendant plus glorieux les titres des générations futures à revendiquer leur place dans la grande famille française.

En terminant, le Gouverneur, agissant en conformité des dispositions de l’article 8 du règlement intérieur propose à la ratification de l’assemblée les candidatures de M. le Commandant Simon, Chef du Service de la Navigation, aux fonctions de President de la Société, de M. Sigogne, Avocat-Défenseur près les Tribunaux, à celles de Secrétaire, et de M. Orsmond Walker à celles de Trésorier. Ces candidatures sont ratifiées à l’unanimité et à mains levées, la qualité des hommes constituant aux yeux de tous un gage de succès assuré pour la Société.

L’ordre de jour étant épuisé, le Gouverneur remercie l’auditoire de son attention et de sa bonne volonté ; il déclare n’avoir plus qu’à s’en remettre au bureau qu’il investira incessamment, par voie d’arrêté, de ses pouvoirs réguliers, et clot la séance sur un vœu de prospérité et de longue vie à l’adresse de la Société d’Etudes Océaniennes.

(1) Quatre-vingt-un, à la date de ce Bulletin